A la sortie du COVID, une forte croissance de 7% était enregistrée en France. Mais deux ans après, l’économie du pays retrouve ses travers du « monde d’avant » avec une croissance proche de zéro. On doit compter désormais sur une invitée surprise : l’inflation. Croissance zéro, inflation qui s’emballe ? Le scénario du pire ?

Croissance économique : le retour de la stagflation en France

C’est un phénomène que les moins de 40 ans ne connaissent pas. La stagflation, c’est une croissance nulle voire négative avec une forte inflation.

Années 70 : l’augmentation du prix de l’énergie en cause

La dernière fois que ce phénomène s’est présenté, c’était dans les années 70 après les chocs pétroliers. Dans les années 70, l’énergie est produite essentiellement par du pétrole et du gaz. Le nucléaire n’est pas encore totalement développé puisque c’est en mars 1974 que Georges Pompidou lance la construction de 54 réacteurs nucléaires sur le territoire.

LE PIB stagne, la dette publique augmente mais la consommation ne cale pas

La flambée du prix de l’énergie touche alors en plein cœur l’économie française et ses entreprises. La consommation finalement résistera malgré des prêts bancaires aux taux très élevés, des prix qui augmentent fortement parce que dans le même temps les salaires suivent l’inflation. Et puis, la mondialisation se développe : la capacité d’achat des Français augmente avec l’importation de produits à bas coût. L’équipement des foyers connaît un progrès formidable à cette époque, notamment avec l’électro-ménager venu d’Asie, soutenu par l’accès à une électricité peu coûteuse.

2022 : une stagflation aux origines et aux effets différents

Même si le coût de l’énergie est en forte hausse, la panne de croissance de ce premier trimestre 2022 a des origines multiples :

  • les difficultés d’approvisionnement de matières premières ;
  • la mise à l’arrêt des usines en Chine en raison d’un reconfinement COVID drastique ;
  • la guerre en Ukraine.

L’INSEE relève que cette fois-ci c’est la consommation, principal moteur de la croissance française, qui est en panne. L’inflation est présente mais pour l’instant les salaires ne suivent pas. Cela permet à la patronne de la BCE (Banque Centrale Européenne) Christine Lagarde d’éviter de parler d’inflation durable et donc d’augmenter les taux d’intérêt. Le remboursement des dettes publiques est en jeu.

2020-2022 : le retour de la croissance yoyo en France

En deux ans, la France a connu une forte régression, une forte reprise et maintenant un arrêt brutal. L’économie semble être dans un « shaker », ou dans un tambour de machine à laver. On parle aussi d’effet « Yoyo ».

2020 : c’est la faute au COVID 19

L’Insee enregistre une forte baisse de la croissance à partir du confinement du mois de mars 2020. L’année présente une régression de -6,6% inédite pour notre économie. Ajoutons à cela le principe du « quoi qu’il en coûte » qui a provoqué un véritable trompe-l’œil de la réalité de la situation : absence d’activité pour de nombreux secteurs, mais peu de défaillances d’entreprises.

Les aides, les subventions et les PGE (prêts garantis par l’Etat) ont joué leur rôle de perfusion à merveille. Comme il y a eu beaucoup d’argent disponible et une impossibilité de dépenser, c’est l’épargne qui en a profité. Jusqu’à 200 milliards d’euros de sur-épargne !

2021 : le monde d’après, c’est le monde d’avant avec une forte croissance

Effectivement quand les mesures de confinement ont été levées, la machine économique est repartie, vite et fort. 7% de croissance, on n’avait pas vu ça depuis les années 70, avant le premier choc pétrolier.

Mais certains esprits chagrins (ou bon en mathématiques) n’ont pas manqué de relever qu’il s’agissait finalement d’un rattrapage de croissance après la baisse de 2020. En valeur, le PIB de la France n’a pas augmenté ou presque entre 2019 et 2021. Donc le pays ne s’est pas enrichi finalement.

2022 : Quel sera le coût de la panne de croissance ?

La croissance au premier trimestre 2022 n’est finalement pas de 0,5 % comme prévu par l’Insee mais bien de 0 %, zéro pointé ! On l’a dit, c’est la consommation des ménages qui est en berne : – 1,3 % en moyenne avec – 5,3 % pour l’hébergement et la restauration. L’inflation est finalement assez faible par rapport aux Etats-Unis ou à certains pays européens, en raison du bouclier mis en place pour éviter une flambée des prix de l’essence, du gaz et de l’électricité.

Ce n’est donc pas de ce côté qu’il faut voir la raison de cette morosité. Il y a la crainte de l’avenir comme souvent avec les Français. On peut commencer aussi à voir les effets d’un resserrement des conditions de crédit (dans l’immobilier notamment). Et ça tombe assez mal parce qu’il faudrait vraiment que les entreprises retrouvent une forte activité. La fin de la récréation vient d’être sifflée avec moins d’argent magique disponible.

La fin du quoi qu’il en coûte et le remboursement des PGE

Il fallait bien que ça arrive un jour. Il est temps de commencer à rembourser les PGE. Les premiers prêts avaient été accordés en avril 2020, après une période de 2 ans sans remboursement, les mensualités se présentent sur les comptes des entreprises. Et pour certaines, le piège est en train de se refermer. En effet, il faut avoir la capacité de remboursement et donc avoir dégagé des marges supplémentaires. On voit mal comment les entreprises qui étaient tout juste à l’équilibre avant la crise sanitaire peuvent assumer ce coût supplémentaire, le remboursement de la dette PGE.

Des défaillances d’entreprise en augmentation ?

En 2020 et 2021, le nombre de défaillance d’entreprises était en baisse de 43 % par rapport aux années d’avant crise COVID. En année glissante, mai 2021-avril 2022, par rapport la période précédente (mai 2020 – avril 2021), on enregistre déjà une augmentation de 7,4 % des défaillances. Et le remboursement du PGE n’avait pas encore débuté. Dans les tribunaux de commerce, l’inquiétude grandit.

L’influence de la croissance sur le prix de l’or ?

La panne de croissance en France, même si elle est provoquée par une chute de la consommation, n’a que peu d’incidence sur le prix de l’or. En effet, seule la vente de bijoux est impactée par une frilosité du consommateur. En France, ce marché n’a pas d’incidence sur le cours de l’or. C’est en revanche moins vrai en Inde où la joaillerie compte pour 50% de l’usage de l’or dans ce pays.

Inflation, taux d’intérêt jouent sur le cours de l’or

La hausse des prix, qui mécaniquement correspond à une baisse de la valeur de la monnaie, provoque une augmentation de l’or. Ce n’est pas le lingot qui prend de la valeur mais l’euro (ou le dollar) qui en perd. Mais comme pour lutter contre l’inflation, les banques centrales augmentent les taux d’intérêt, le placement en or se trouve en concurrence avec d’autres placements de long terme, comme les bons du trésor ou les obligations d’état qui rapportent plus. Donc, les investisseurs peuvent délaisser le métal jaune ce qui a pour effet de faire baisser son prix.

Profiter des soldes pour épargner ?

Avec des records atteints par l’or en février 2022 lors du déclenchement de la guerre en Ukraine, il était difficile pour certains investisseurs d’acheter des lingots ou des pièces d’or en raison d’un prix très élevé. Avec la baisse des cours enregistrée depuis début mai 2022, certains estiment que la situation est propice à l’investissement. Les adeptes de l’investissement fractionné et régulier pourraient considérer que c’est le bon moment pour acheter quelques pièces d’or.