Le 31 juillet, la FED a, contre toute attente (ou presque), abaissé ses taux directeurs de 0,25 points (en dessous, donc, de 2,25%). Cette décision a été prise suite aux pressions constantes de Trump, qui a lui-même accusé l’Europe et la Chine de manipuler le dollar en dévaluant leurs propres devises.

« La Chine et l’Europe jouent au jeu de la manipulation des devises, et pompent de la monnaie dans leurs systèmes afin de concurrencer les États-Unis. Nous devrions FAIRE DE MÊME, ou bien continuer à être les idiots qui regardent poliment les autres pays jouer à ce jeu – comme ils le font depuis des années. »

Trump n’aime pas être sur la sellette (bien que Mario Draghi, le président de la BCE, s’est bien défendu de ne pas vouloir faire de la concurrence au dollar), et quand Trump se sent sur la sellette, il agit en conséquence. En affaiblissant le dollar par le biais de taux directeurs bas, il s’imagine que les échanges mondiaux en dollars vont se fluidifier. Ce qui, en théorie, fait sens, puisque la devise est ainsi plus accessible, mais en pratique est plus compliqué.

La baisse des taux directeurs ne suffira pas à elle toute seule à faire descendre la valeur du dollar : en effet, à son plus haut depuis 2002, il suffit de jeter un oeil à l’index Big Mac du média The Economist pour se rendre compte que (presque) toutes les devises sont en dessous du dollar.

Inventé dans les années 1980 par le magazine The Economist, il compare le pouvoir d’achat de certains pays par rapport au Big Mac, probablement le hamburger le plus populaire du géant McDonald’s. En comparant le coût du burger aux États-Unis (5,74$) avec son coût dans d’autres pays, cet indice permet d’identifier la valeur d’une monnaie face au dollar.

Comme vous pouvez le voir ci-dessus, l’euro est sous-évalué à 20,3% en juillet 2019 : si la concurrence était parfaite à travers le monde, alors 1$, basé sur cet indice, équivaudrait à 0,71€ – alors qu’il est en réalité à 0,89€.

Pour affaiblir le dollar, les États-Unis ont besoin de deux choses : que le trésor fédéral américain vende du dollar en masse (et ce type d’intervention n’est pas arrivé depuis 1995), et que les autres pays jouent le jeu dans un effort coordonné puisque le marché de trading de devises (le forex), s’élevant à 5 billions de dollars par jour, est trop profond pour que les États-Unis puissent avoir un quelconque impact de manière unilatérale. Seulement les autres pays ne joueront pas le jeu, puisqu’aucun ne veut d’une monnaie forte. On a pu le voir tout récemment avec la Chine qui applique la loi du Talion, en dévaluant encore plus sa monnaie, le renminbi, déstabilisant ainsi les marchés et faisant grimper le cours de l’or à 1472$ l’once.

Thanos Vamvakidis, responsable international de la branche forex de la Bank of America Merrill Lynch s’est exprimé à ce propos : “Ils ne peuvent pas impacter les coûts d’emprunt car les taux d’intérêts sont déjà historiquement bas, donc le seul moyen d’assouplir encore plus les conditions monétaires est d’affaiblir leur monnaie. Toutefois, c’est une question d’équilibre car quand tout le monde fait la même chose, alors les devises ne bougent plus, et vous n’y gagnez rien parce que vous finissez par gaspiller le peu de cartouches que votre politique monétaire possède, sans aucun résultat. Donc, dans un sens, nous sommes dans une guerre des devises, même si personne ne l’admet.

 

Quelles sont nos alternatives ?

Lorsque l’on se rend compte que les États peuvent se faire la guerre à coup d’injections de liquidité et de quantitative easing, il y a de quoi s’inquiéter. À plus forte raison que certaines alternatives se basent sur lesdites monnaies : on pense notamment à la Libra de Facebook, dont le sous-jacent est un panier de devises fiat. En cas de guerre monétaire, qu’advient-il de la Libra ?

Aujourd’hui, de nombreux investisseurs à la recherche de valeur refuge pour protéger leur capital se tournent vers l’or, qui ne paiera aucun intérêt, au détriment des obligations qui leur feront perdre de l’argent si détenues jusqu’à échéance.

Si demain les devises devaient radicalement perdre de la valeur, cela n’aurait aucun impact sur l’or, puisque l’or et la devise sont deux actifs totalement décorrélés : seule sa valeur est exprimée en devise. Il ne faut pas des heures pour comprendre que la différence entre l’or et le papier, c’est que l’or possède des vertus que le papier ne possédera jamais : il a une valeur intrinsèque, il est inoxydable, il est en quantité limitée, etc.

Si la monnaie perd en valeur, alors les consommateurs abandonneront probablement naturellement l’euro, le dollar… et leur confiance se tournera vers un autre instrument pour leurs échanges. Aucun peuple ne s’accommodera sans monnaie : il faut bien se nourrir, se vêtir, etc. Et à ce moment-là il y a fort à parier que nous nous tournerons vers l’or : la preuve étant que lorsqu’on a besoin d’argent, nous vendons en premier nos bijoux en or.


Jade Brun